Un tableau joue avec la lumière, pourquoi ne jouerait-il pas aussi avec le temps ? Les visiteurs du premier soir annoncèrent ceux des semaines suivantes. La durée d’une exposition est un temps suspendu, autorisant les passants intrigués, attirant les professionnels, convoquant les passionnés, les uns passant sans savoir, les autres venant et revenant, heureux de la découverte d’une œuvre si originale et singulière. Mais qui regarde l’autre au juste ? Qui pourrait affirmer qu’Ad Infinitum n’observe pas aussi celles et ceux qui méditent devant elle et tentent d’en percer le secret ? Le tableau monumental, après avoir été balloté dans son installation, prend peu à peu possession de l’espace. Il prend ses quartiers, les gouttes s’étirent dans leur carcan de peinture, devisent et se réjouissent du projet esthétique qui les a réunies. Peut-être un jour pourra-t-on lire les bruits et les paroles qu’elles ont emmagasinés. On saura alors qu’une exposition comme celle d’Ad Infinitum a été le moment d’un partage.