Voici la nature chantante et ensorcelante. Elle resplendit, s’entortille, semble se défaire pour mieux renaître et se jouer des regards distraits. Dans cette nouvelle création, Jane Puylagarde explore avec toujours autant de sensibilité ce qui fait la beauté du monde, une beauté mystérieuse, indocile, irréductible, éphémère parfois, mais toujours éternelle. Et si elle choisit la Victoire de Samothrace comme figure tutélaire pour cette fresque de neuf mètres où la nature est en majesté, c’est probablement parce que le monde grec sut aller au-delà de ses propres siècles. Un critique d’art, Gustave Geffroy l’avait pressenti en écrivant de la statue déposée au Louvre, qu’elle était « la beauté de la santé, l’orgueil tranquille de la force ». Victoire d’une bataille navale antique, mais aussi, ajoutait-il, « de partout ». Elle serait donc d’abord celle de l’envol d’un corps sensuel aux ailes déployées qui s’extrait de la pierre pour jaillir avec allégresse. Et qu’est donc ce nouveau travail de Jane Puylagarde sinon l’envol de sa peinture pour célébrer une nature aux milles cérémonies, aux sinuosités énigmatiques, aux enchantements aussi indéchiffrables qu’euphoriques ? G.H